La mère parfaite doit adorer sa grossesse. Sans être fatiguée, elle doit travailler, tenir sa maison, s’occuper de ses autres enfants et prendre soin d’elle (il faudra qu’on nous explique comment elle arrive à s’épiler et se mettre du vernis sur les pieds en fin de grossesse).
La mère parfaite doit vivre pleinement son accouchement. Par voie basse, rapide, sans péridurale, mais aussi sans douleur et sans déchirure. A la vue de son bébé, elle doit pleurer de joie, le prendre dans ses bras et l’aimer instinctivement.
La mère parfaite doit allaiter son bébé, mais aussi tirer son lait pour que le co-parent puisse nourrir son bébé au biberon. Elle doit comprendre les pleurs de son bébé et y répondre, pourquoi pas avant même qu’il n’émette un seul son. Elle doit faire les soins, être à l’aise avec le bain, tout ça en dormant correctement (car son bébé parfait dort longtemps), en se déplaçant sans problème et toujours sans douleur.
La mère parfaite doit être heureuse de rentrer chez elle, doit passer beaucoup de temps avec son bébé dans les bras, mais pas trop pour ne pas l’habituer. Elle doit être toujours heureuse, car une naissance est forcément un évènement joyeux. Elle reprend le travail, mais sans faire garder son bébé par un-e inconnu-e. Elle doit tenir sa maison, s’occuper de ses autres enfants et prendre soin d’elle.
La mère parfaite n’existe pas. Qu’en est-il dans la réalité ?
Avec Mélina, accompagnante périnatale les Couleurs de la Parentalité nous avons rencontré Cassiopée, sage-femme en salle de naissance, pour lui poser quelques questions.
« Devenir père/mère n’est pas un processus instantané pour tous. On peut sentir une vague d’amour pour son bébé dès la 1ere seconde, dès qu’on est enceinte ou 3 semaines plus tard ou même encore beaucoup plus tard (le sujet du regret d’être mère reste un tabou). Notre propre histoire familiale, le déroulé de la grossesse et de l’accouchement, d’autres événements de vie… peuvent perturber cet « amour maternel » et « amour paternel ». »
« Cela fait partie des 1001 émotions que les parents traversent après une naissance. On peut être heureux, avoir peur, être fatiguée, perdu. C’est normal et sain d’avoir ces émotions ! »
« Il y a une certaine injonction au bonheur à la maternité qui n’est pas entendable. Pourquoi la maternité ne serait que du positif, sans jamais aucune émotion négative ? C’est normal de ne pas être que joie et bonheur. Soyez triste, énervée, tout ce que vous voulez, c’est OK »
« Voici les principaux signes observables : manque d’énergie, perte de la notion de plaisir, difficultés à dormir, modification de l’appétit, difficulté à s’occuper de son BB, tristesse, difficulté à faire les tâches du quotidien, pensées négatives. »
Certaines pourront penser :
« Elle sera mieux sans moi, je vais gâcher sa vie. » d’Isaure Armanet
« Toutes les mères y arrivent, pourquoi pas moi ? J’ai envie de disparaitre.» Teresa Wong
« C’est s’IMAGINER faire du mal à son bébé sans passer à l’acte. Cela reste à l’état de pensée, rapidement effacée. Il s’agit d’un trouble anxieux (pas psychotique).
On pense que ces phobies d’impulsions viennent de la fatigue. Le cerveau rentre en « délire ».
Ne culpabilisez pas et parlez-en, même si cela reste un sujet tabou et trop peu connu. »
« Parlez, parlez, parlez ! Les professionnels de la périnatalité sont là pour vous écouter. Si vous vous sentez jugé, non soutenu, changez de professionnel ! »
« On l’écoute, sans jugement, sans minimiser son état. On l’invite à voir un professionnel de santé.
Vous pouvez lui proposer de passer du temps avec elle, faire des choses qu’elle aime d’habitude ou l’aider dans sa tâche parentale. Mais surtout pas de conseils non sollicités ! »
Certaines autrices qui l’ont vécu ont décidé de partager leur expérience, sous forme de romans graphiques :
– A la dérive, d’Elisa Gonzales et Louison Nielman
– Chère Scarlet, de Teresa Wong
– La remplaçante, de Mathou et Sophie Adriansen
Ou de livres :
– Dépression du post partum, de Chloé Bedouet et Élise Marcende
– Le post partum dure 3 ans, d’Anna Roy
La maternité n’est pas un long fleuve tranquille. Une mère a le droit de pleurer, de ne pas savoir faire, de s’énerver, d’avoir mal. Elle a le droit (et même le devoir) de demander de l’aide lorsqu’elle en ressent le besoin.
Le suicide est la première cause de décès maternels en période périnatale, la majorité se produisant autour du 4e mois après l’accouchement, selon le site de santepubliquefrance.fr. Ce sujet est encore tabou, mais il est pourtant primordial d’en parler.
Même s’il y a des facteurs de risque comme la précarité, l’isolement, des antécédents psychiatriques ou des complications pendant la grossesse ou l’accouchement, la Dépression Post-Partum peut toucher n’importe qui.
L’association Association Maman Blues est disponible pour toute maman ou future maman qui a besoin de soutien d’écoute et de conseils.
Et toi, quelles difficultés as-tu rencontrées ? Quelle « mère parfaite » pensais-tu être ?
Mélina, Cassiopée et moi sommes là pour t’écouter, en commentaires sur les réseaux sociaux ou en MP.
Mélina & Charlotte